Un deuil national?

Je ne vous apprends rien: il y a quelques temps, un car scolaire a fait un terrible accident en Suisse.
Les victimes, principalement des enfants, mais aussi les professeurs et chauffeurs sont des belges qui revenaient d’un voyage scolaire.
À ce jour, les causes de l’accident restent inconnues et l’enquête est en cours.

Malheureusement, ce tragique accident aura fait 28 morts.
Et c’est terrible! À moins d’être totalement dépourvu d’humanité, nous ne pouvons qu’imaginer la douleur des moments que traversent les familles. Et dans leur vie, cet épisode restera gravé à jamais comme une période sombre dont il sera difficile de sortir.

Mais tout de même, la frénésie médiatique autour de ce fait divers (effroyable, certes, mais divers néanmoins) m’apparaît tout à fait exagérée. Et la journée de deuil national décrétée vendredi dernier me semble presque déplacée.
Entendons-nous bien: l’annonce de la nouvelle m’a profondément ému et je suis plein de compassion pour les familles des victimes. Il me semble normal que l’entourage de ces familles se manifeste par différentes marques d’attention. Cet entourage incluant l’école concernée et pourquoi pas la commune. Mais la nation entière? Il me semble tout de même que des événements à mon sens bien plus graves se produisent sans émouvoir bien grand monde. Chaque jours, en Europe, des centaines d’enfants sont victimes d’accidents domestiques. C’est horrible, tragique… mais c’est la vie!

J’entends pourtant déjà les objections: « Et si c’était ton enfant, hein? »
Et bien c’est justement ça le fond du problème. Ce n’est pas mon enfant, et c’est sans doute pour cela que je suis plus objectif pour juger de la gravité l’événement. Tant qu’on placera la victime et la douleur de la famille au centre du débat, on n’en sortira pas: tout est horrible, rien n’est justifiable.

En écrivant ces lignes, je ne peux m’empêcher de repenser à un texte de Pierre Desproges dont je vous livre ici un extrait:

[…] Le jour du récent tremblement de terre de Mexico, le gamin de mon charcutier s’est coupé un auriculaire en jouant avec la machine à jambon. Quand cet estimable commerçant évoque aujourd’hui cette date, que croyez-vous qu’il lui en reste ? Était-ce le jour de la mort de milliers de gens inconnus ? Ou bien était-ce le jour du petit doigt ?
(Pierre Desproges – Chronique de la haine ordinaire du 10 mars 1986 – « L’humanité »)

C’est dans la nature humaine de penser que son malheur est toujours le pire. Et l’exercice de relativisation et d’acceptation sera difficile pour les proches des victimes.
Mais pour les autres, y compris les médias et les politiques, cet exercice est plus simple et surtout nécessaire!

Encore une fois, je ne veux surtout pas minimiser le drame que vivent les familles et proches des victimes. Mais je pense qu’il faut garde le sens de la mesure.

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