Christian – Le Livre Noir

06h00: le radioréveil se déclenche et la musique atteint peu à peu mon cerveau encore embrumé. Comme d’habitude, je ne me laisserai pas dicter ma conduite par une machine et je décide courageusement de rester encore un peu au lit. À côté de moi, la femme de ma vie dort toujours, paisiblement.

06h30: l’incroyable qualité du programme radio me pousse à agir. Je rampe alors jusqu’à la salle de bain où je me passe un peu d’eau sur le visage. Le spectacle n’est pas beau à voir. Mes yeux caverneux sont encore injectés de sang et mon visage est marqué par des cernes dont la taille et la couleur indique clairement qu’il me manque au moins cent ans de sommeil. Dans le lit, mon amour se tourne et se retourne, se dirigeant inexorablement vers le réveil.

06h45: douché et habillé, je descends prendre ma dose de cafeine et préparer un biberon pour la petite. Le rayon de soleil de ma vie est maintenant levé et va également prendre sa douche.

07h15: c’est la guerre! Les enfants ne veulent évidemment pas s’habiller. J’en suis encore à la phase de négociation mais une issue violente m’apparaît comme une évidence. De la salle de bain, mon petit ours en sucre me crie: « Chris! Tu as conscience que ta décision de sortir avec tes potes en me laissant seule avec les enfants en juillet dernier m’a profondément blessée? »

Le silence se fait, de plus en plus pesant. Visiblement une réponse est attendue. J’ai beau réfléchir, rien ne me viens. Je me souviens à peine de cet épisode vieux de 5 mois! Je marmonne une réponse évasive (et insatisfaisante, naturellement): « Oui, non, enfin tu sais… »

J’essaie alors de rester digne devant les enfants, pendant que mon amour, telle une tigresse, se jette sur moi, m’engueule et tente de m’expliquer. Mais cette tentative est nulle. Rien n’y fait: je reste assis là, le regard vide, en tentant de comprendre comment nous avons pu en arriver là! Comment, dès le réveil, sans raison apparente, une rancune vieille de 5 mois peut ressurgir et me péter ainsi à la figure.

07h45: tout est maintenant calme. Je suis seul dans la chambre, à genoux, la tête entre les mains. Dépité. À bout. J’essaie d’imaginer comment tout cela a pu arriver, comment est ce seulement possible?

Je ne vois qu’une explication: il y a, caché quelque part, un livre noir dans lequel est consigné tout ce qui est considéré comme un écart de ma part. Ce registre est consulté tous les jours au réveil et étudié en profondeur afin de déterminer la remarque du jour.

Ah elle est belle la vie!

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